Un enfant de remplacement ?
Le 30 mars 1853 naissait un petit garçon, Vincent Willem Van Gogh, au Pays-Bas dans une famille de pasteur protestant.
Quelle aurait été sa destinée si, un an plus tôt jour pour jour, n’était pas né un autre garçon au sein de cette famille, enfant qui portait la même identité que lui et mort trop tôt ?
Les siens, encore marqués par le décès prématuré du premier-né, reportèrent sur le second fils le poids dû au chagrin d’une telle perte. Sa famille attendit également qu’il symbolise l’honneur de la famille.
Identité multiple
Comment Vincent pouvait-il intégrer son identité narcissique alors qu’il portait aussi la même identité que son grand-père et son oncle paternels ?
De plus, quelle place lui avait-on octroyée, en dehors du fait de consoler ses parents d’un enfant décédé trop tôt, dans un environnement religieux où la souffrance de chacun est tue ?
Dualité intérieure
Au cours de son enfance, Vincent alternera entre colère, rébellion, obstination et douceur. Or son tempérament reconnu comme difficile le coupera des autres qui ne réussissent pas à le comprendre.
Heureusement l’arrivée de son petit frère Théo, quatre ans plus tard, viendra apporter quelque soutien à son monde bien isolé.
Quelle vocation ?
Tandis qu’à douze ans il était toujours incapable de déterminer le futur métier qu’il aimerait exercer, il fut envoyé en pension. Le chagrin d’être séparé des siens fut dévastateur. Toutefois, il va découvrir deux passions : la lecture et le dessin. Lorsqu’il travaillera pour le compte de son oncle, vendeur de tableaux, il développera une sensibilité artistique qu’il approfondira en visitant des musées et en se documentant sur les œuvres d’autres artistes en vogue.
Pasteur ou artiste ?
Bien qu’il choisisse de devenir pasteur comme son père, il ne possède pas les qualités requises. Très vite il sera remercié par l’église.
Qui suis-je ?
Les rêves et les questions existentielles de ceux qui sont nés pour remplacer une personne morte tournent autour de questions existentielles telles que : « Qui suis-je ? Peut-on m’aimer pour moi-même ? »
Van Gogh n’échappera pas à la règle. Il s’est construit sa personnalité en portant une confusion inconsciente d’identité qu’il peinera à faire reconnaître. Chagrin et culpabilité du survivant l’accompagneront tout au long de son chemin de vie.
Bien avant sa naissance, les forces archétypiques de vie et de mort s’étaient réunies dans une constellation fatale.
L’âme de l’enfant de remplacement porte l’ombre de la mort depuis sa conception.
L’espoir d’une vie plus lumineuse repose alors sur l’émergence d’un Soi authentique.
Autoportraits ?
Est-ce la raison pour laquelle il peindra 43 autoportraits en dix ans dans l’espoir de trouver enfin sa véritable identité ?
Au travers des différents reflets de lui-même il aurait pu faire l’expérience d’une « renaissance dans la vraie vie », non pas comme « un revenant », mais comme un individu nouveau-né sur le plan psychique.
Mais la naissance de son neveu, fils de Théo, appelé à son tour Vincent Willem Van Gogh le 30 janvier 1890 en son hommage au peintre lui sera fatale. Son oncle ne put supporter cette jeune relation triangulaire qui le renvoyait à nouveau à la confusion de ses jeunes années….
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Muriel Pactat
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